La tabac, la cigarette me rappelle ma mère.
Toute petite, je l’ai vue fumer cigarette sur cigarette. Les lunettes de soleil sur le nez, elle semblait si classe, aux yeux des autres. Elle ne faisait que simuler, parce que je sais, enfant, au bout de ses mains, ce qu’elle ressentait.
Une rupture amoureuse ? Un conflit amoureux ?
Une souffrance telle, qu’elle en oubliait de me préserver. Sans mot-dire, je savais qu’elle était la plus malheureuse des femmes.
Fumer était-il pour elle une issue ? Aspirer ce produit chimique lui donnait-elle une contenance ? Était-ce une béquille pour tenir debout ? Un signe de sa déchéance pour alerter de ce changement interne ? Savait-elle que c’était mauvais pour la santé ?
En tout cas, elle a cherché à pallier à cette douleur interne…
De ma petite hauteur, je la regardais d’en bas… tentant de discuter avec la vendeuse de journaux du coin… des inconnus… Se livrait-elle ? Non je ne crois pas… Elle parlait certainement de la pluie et du beau temps… Ce que font les gens qui cachent des secrets inavouables ? Ce que font les personnes qui souhaitent se rassurer de leur existence ?
Oui parce qu’aussi intense soit la douleur, l’étape qui s’en suit c’est le sentiment de ne pas exister… Le conflit amoureux ou la rupture amoureuse a le pouvoir de dépeupler le monde… de rendre son existence absurde ou insensée…
N’est-ce pas ?
Je sais qu’elle a vite arrêté de fumer… Parce qu’il est revenu, son amoureux… Tant bien que mal… Mais il était là, et c’est tout ce qui comptait pour elle…
Rien de plus simple que de renouveler le vœu du bonheur de vivre ensemble pour l’éternité, malgré son épouse à lui, malgré son époux à elle… Les deux amants se sont donnés la liberté de se retrouver…Mais à quel prix ?
Et vous, que faites-vous pour pallier à vos émotions les plus douloureuses ?
Cet article est inspiré de mon ouvrage intitulé : Ekéna, l’enfant de l’amour.